Par Jean-Benoît Guertin

Je me suis rendu à mon institution financière pour une transaction importante l’autre jour et je devais me présenter au comptoir puisque ladite transaction nécessitait l’assistance de la caissière. Malheureusement pour moi, c’était une journée très occupée et je ne croyais plus qu’il y avait encore autant de gens qui nécessitaient d’interagir avec une personne physique pour leurs transactions financières. Bref, soit que ma situation était loin d’être aussi unique que je le croyais ou le contact humain est encore important pour beaucoup de gens.

Dans tout les cas, j’ai remarqué qu’il y avait tout de même beaucoup de clients anglophones, du moins ceux qui se parlaient dans la file d’attente. Ce n’est pas une situation qui sortait de l’ordinaire mais cette fois, ça avait attiré mon attention. C’est une fois qu’on m’a fait signe d’approcher et qu’on m’a demandé: «How can I help you ?» que je suis resté saisi. Je suis client de la même institution financière depuis des années et malgré que mes visites au comptoir soient assez restreintes, je n’y ai jamais été servi en anglais. À la suite de ma surprise, j’ai poliment demandé si je pouvais être servi en français. C’est alors que la caissière s’est profondément excusée et m’a répondu dans un français impeccable. Elle a surement senti le besoin de justifier son approche suite à mon air étonnée puisqu’elle m’a immédiatement expliqué qu’elle était tout à fait francophone et qu’elle venait tout juste de servir plusieurs clients anglophones sans interruption d’où le fait qu’elle s’était trompé de langue en me répondant.

C’est tout de même étonnant qu’une personne puisse faire une erreur de langue à la suite d’en avoir parlé une autre à répétition, surtout lorsqu’il s’agit de sa langue maternelle! J’avais déjà entendu qu’il était possible de perdre ses facultés de s’exprimer dans son propre langage lors d’une immersion totale de plusieurs années dans une autre culture mais jamais en faisant du service à la clientèle. Bien entendu, la comparaison est exagérée et je crois tout à fait en la sincérité de la caissière concernant ses justifications par rapport à son écart linguistique. J’aurais peut-être été moins crédule si cette personne avait eu un accent prononcé par exemple ou si je ne connaissais pas aussi bien la réputation de mon institution financière par rapport à sa politique linguistique.

Finalement, j’ai eu droit à un service exemplaire de la part de cette caissière qui était d’ailleurs particulièrement sympathique. Je me suis toutefois posé une question qui reste toujours sans réponse : Est-ce que j’aurais été servi totalement en anglais si je n’avais pas demandé un service en français? C’est-à-dire qu’il y aurait eu un échange complètement anglophone entre deux francophones à la suite d’une simple erreur. Difficile à imaginer…

 

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