Par Stéphanie Robillard-Sarganis

Après un hiver qui m’a paru, ma foi, interminable, voilà que la verdure est de retour pour le plus grand bonheur de nos assiettes. Je me considère extrêmement choyée d’habiter une région aussi riche en agriculture et en horticulture. La campagne à la ville c’est le cas de le dire. Je suis voisine de grands champs et d’immenses espaces qui me permettent de décrocher et de m’approvisionner en aliments fraîchement cueillis. La main-d’œuvre joue un rôle primordial dans notre ville lors de la période des récoltes. De nombreuses personnes migrent à Laval le temps de deux saisons afin d’y travailler d’arrache-pied. Ces braves nomades viennent en immersion quasi-totale pour quelques mois et ce, année après année.

J’ai l’honneur de les côtoyer régulièrement alors que plusieurs travaillent dans les kiosques agroalimentaires situés tout près de chez moi. Nous nous reconnaissons mutuellement et je suis plutôt fière de voir leur français parlé s’améliorer aussi rapidement. Il est certain que les langues latines ont une base commune qui permettent une plus grande aisance dans les échanges mais n’empêche que le français est assez compliqué merci à maîtriser! Je leur lève mon chapeau de prendre le temps de parfaire cette langue seconde malgré des journées chargées, au soleil, à travailler comme peu de gens en seraient capable. Nous avons beaucoup à apprendre de ces personnes!

La reconnaissance que j’ai d’être née ici et d’avoir la chance d’être polyglotte est immense. Je sais également reconnaitre le courage des migrants qui doivent quotidiennement surmonter des épreuves incroyables en plus de se buter parfois à des personnes de mauvaise foi. « En français svp » mais avec un recul et du jugement. Je n’ai jamais eu à vivre une immersion qui m’a mise dans un tel état de vulnérabilité et je ne crois pas que j’en serais capable. Alors cet été, lorsque vous irez faire vos emplettes dans les marchés locaux, prenez le temps de jaser un peu avec ceux qui rendent cette expérience possible. Ils apprécieront certainement la pratique linguistique que vous leur offrirez tout en mangeant des bonnes fraises du Québec bien sucrées.

 

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