Commerce local: comment attirer les consommateurs?

Par Adèle Surprenant | journaliste

Si l’achat local est une tendance à la hausse chez quatre Québécois sur cinq depuis le début de la pandémie, d’après un sondage de la firme Navigator, les commerces locaux continuent à faire face à la compétition féroce des multinationales et des grandes surfaces. Entrepreneurs, soyez rassurés ! Il existe des stratégies pour attirer les consommateurs vers vos commerces et fournisseurs locaux.

Avec l’achat local, tout le monde est gagnant : il favorise la création d’emploi et stimule l’économie, dont les retombées profitent à l’ensemble de la société. Mais le prix souvent plus élevé des produits et services « Made in Québec » peut refroidir certains consommateurs.

D’après Laurie Fossat, directrice des opérations pour Le Panier Bleu, les commerçants locaux doivent donc « miser sur leurs forces et sur leur saveur distinctive, ne pas essayer de se fondre dans la masse et de copier-coller des modèles », que pourrait réaliser une grande entreprise avec des moyens plus importants.

Valoriser la communauté

« On remarque que, souvent, les commerçants ne mettent pas de l’avant leur fierté locale
québécoise », affirme Mme Fossat. Selon elle, les consommateurs cherchent à développer un sentiment d’appartenance avec les commerces qu’ils fréquentent. « C’est ce qui donne envie d’y retourner! », soutient-elle.

Pour se distinguer, les commerçants peuvent aussi parier sur l’adhésion à des valeurs globales
en insistant sur les dimensions éthique et écologique de l’achat local. Elles donnent au consommateur l’impression d’appartenir à quelque chose de plus grand et peuvent aider
à légitimer une facture plus élevée.

Les réseaux sociaux jouent également un rôle majeur dans l’attraction et la rétention de la clientèle. « Avoir une bonne synergie en ligne, ça permet de garder le client dans notre boucle » et de nourrir une communauté d’utilisateurs susceptibles d’avoir une présence en magasin, croit William Dupont, conseiller en commerce
intelligent au Cercle api.

Maximiser les avantages du numérique

Actif à Laval, le Cercle api a pour mission d’« accompagner les commerçants dans leur transformation numérique pour favoriser l’achat local », souligne M Dupont.

Le secret d’une entreprise qui fonctionne ? « C’est toujours de réduire le plus possible les irritants du consommateur », dit-il, encourageant les commerçants à « réfléchir à des solutions collectives plus qu’à des solutions d’attraction à l’échelle individuelle ».

Parmi les initiatives mises de l’avant par M Dupont et ses collègues, on compte la prise de rendez-vous en ligne pour les entreprises de prestation de service, qui permet de diminuer le temps d’attente en magasin. Les données récoltées sur le client durant la prise de rendez-vous peuvent ensuite être recyclées pour l’envoi de courriel promotionnel, favorisant la fidélisation des clients.

La fidélisation peut aussi être consolidée par un service après-vente personnalisé et l’utilisation de cartes de fidélité numérique, qui permettent de récompenser les consommateurs pour leur loyauté et les encouragent à répéter l’expérience d’achat.

Autre astuce afin de réduire les délais de livraison, particulièrement longs pour les achats du temps des fêtes et sur les plateformes de magasinage en ligne : « encourager la cueillette dans les commerces de proximité », propose Laurie Fossat. Le « click and collect » permet aussi de réduire les frais, un avantage non négligeable pour les consommateurs aux listes interminables de cadeaux de Noël !

Penser le « B2B » à l’ère de la pandémie

Les mêmes principes s’appliquent au « Business to business » (ou « B2B »), d’après William Dupont : « réduire les irritants et simplifier l’achat », voilà tout !

L’approvisionnement à l’étranger a été compliqué par le contexte pandémique et les entrepreneurs d’ici savent désormais qu’ils ne sont pas à l’abri d’une pénurie. Pour s’en prémunir, quoi de mieux que de mettre fin à la dépendance aux fournisseurs étrangers en choisissant de s’approvisionner localement ?

Ainsi, même si la capacité de production au Québec est limitée, les entreprises qui souhaitent tremper dans le B2B peuvent miser sur d’autres atouts : savoir bien s’entourer et se faire connaître en participant à des activités de réseautage,
en adhérant à des associations de commerçants ou en collaborant avec le réseau des Chambres de Commerce, par exemple.

Si c’est votre cas, n’hésitez pas à avoir recours à la publicité géolocalisée pour viser spécifiquement les consommateurs à proximité. Replacez la localité au centre de votre culture d’entreprise, en passant par des initiatives telles qu’un réseau de monnaie locale numérique, par exemple. Surtout, gardez en tête qu’il faut offrir un produit ou un service différent, quelque chose qui vous distingue des plus grandes entreprises, mais aussi des autres commerces locaux.

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